Satchinandana Swami

À l’aube de ce Nouvel An, je cède la parole à Satchinandana Swami, dont je traduis le message du jour, à même de combler les vœux les plus chers que l’on puisse s’offrir.

Arrêtez! Où courez-vous comme cela?
Tout ce que vous cherchez se trouve à l’intérieur:
L’âme, le Divin, le bonheur et la paix.
Tout cela risque de vous échapper
Si vous continuez de le chercher à l’extérieur.

(Gravé sur les murs d’un monastère médiéval)

Songez un instant que les choses les plus essentielles dans la vie sont invisibles – le souffle vital, l’amour, l’âme, Dieu… Aucune de ces choses n’est perceptible à nos yeux ni ne peut être palpée par nos mains. Mais elles n’en restent pas moins celles qui comptent le plus. Sans elles, tout ce dont nous pouvons nous entourer fait figure de festin sans saveur ou de corps sans vie, et a tôt fait de nous échapper.

Comment accéder à ces trésors invisibles? Plus d’un texte de sagesse répond à cette question en disant «Regarde à l’intérieur», «Dépouille-toi du superflu» ou «Fais le silence en toi». Alors seulement peut-on entendre l’infaillible voix qui nous guidera vers nos plus précieuses richesses… à condition de le vouloir et de bien écouter.

Sachez qu’au-delà de l’agitation qui sous-tend l’activité humaine, de puissantes forces sont à l’œuvre, infiniment plus puissantes que tout ce que nous pouvons concevoir ou accomplir. Et il nous faut prendre contact avec ces forces supérieures pour comprendre ce que la vie a en réserve pour nous. Mais la voix de l’âme et du Divin ne s’entend que lorsque le cœur se met sur pause. Tant que les bruits du mental et du monde extérieur retiennent notre attention, ils nous distraient et nous écartent de la voie qui conduit à notre fortune intérieure. Je vous invite donc à entrer dans le sanctuaire sacré de votre cœur, à calmer votre esprit, et à apprendre à écouter.

Méditation dans le désert

Lors d’un séjour à Dubaï au début de décembre, après plusieurs jours de conférences, de rencontres et de festivités ponctuées de chants et de danses, mon corps a fini par m’envoyer des signaux de plus en plus clairs à l’effet que je devais prendre un peu de repos. J’ai donc pris la direction du désert avec trois compagnons et un guide arabe, désireux de renouer avec le silence et d’entendre cette voix intérieure qui m’est si chère.

Après avoir trouvé un endroit paisible dans un vallon parmi les dunes, à l’ombre d’un ghaf – l’arbre national des Émirats Arabes Unis, symbole historique et culturel de stabilité, de tolérance et de paix en dépit d’un environnement hostile –, nous nous sommes assis dans le sable pour nous imprégner du silence omniprésent.

Le désert nous semblait vibrant de vie, tel une mère, et nous procurait une détente bien méritée… jusqu’à ce qu’un vrombissement de plus en plus assourdissant se fasse entendre. Comme cela se produit souvent lorsqu’on cherche à se recentrer, notre patience s’en trouva mise à l’épreuve, cette fois par un tout-terrain s’adonnant à ce que les gens du coin appellent le dune-bashing, soit la folle conduite à vive allure dans les dunes. Nous avons donc entrepris de nous enfoncer plus profondément dans le désert, loin de la ville et de toute trace de civilisation.

De nouveau enveloppés d’un océan de sable et de silence, nous avons calmement franchi une à une quatre étapes méditatives conduisant à la paix intérieure. Comme ces quatre étapes s’avèrent infailliblement efficaces, je me permets ici de vous en faire part au cas où vous voudriez en faire l’essai:

1.- concentrez-vous sur le moment présent;

2.- apaisez votre mental en respirant lentement et profondément;


3.- portez votre attention sur la région du cœur et fixez votre esprit sur le soi et sur le Divin qui l’accompagne en vous demandant «Que suis-je lorsque j’élimine tout ce que je ne suis pas?», et « Dans quelles directions dois-je maintenant orienter mes pas? »;


4.- demeurez dans cet espace et restez simplement à l’écoute… laissez venir les réponses.

Visiter et revisiter le sanctuaire sacré du cœur

Après avoir longuement médité de la sorte, nous avons entonné de doux chants dévotionnels sous l’œil bienveillant de la Lune, de Mars et de Jupiter. Nous avons tous ressenti que le désert nous donnait l’occasion d’entrer dans notre invisible monde intérieur, d’où nous sommes revenus chargés de trésors – une expérience de grande paix profonde et durable, une confiance accrue en nos forces intérieures, et la conviction qu’aucun problème n’est insoluble ou insurmontable.

Bien entendu, il ne fait aucun doute que l’année qui vient comportera aussi son lot de défis. En observant la planète rouge, il nous est apparu que ses rayons présageaient des temps difficiles. Néanmoins, cette expérience concluante de voyage au sein du sanctuaire sacré de nos cœurs nous a persuadés que des visites fréquentes de cet espace avaient le pouvoir de nous donner la force et la vision spirituelles nécessaires pour tirer le meilleur parti des vents de changement que nous ne manquerions pas d’avoir à affronter. Car c’est dans cet espace sacré où les pensées se taisent que nous pouvons entendre l’apaisante guidance du Divin et voir se dissiper tous nos doutes.

Je vous souhaite une année 2023 des plus bénies, et la sagesse de régulièrement prendre le recul nécessaire pour plonger dans l’espace intérieur de votre cœur afin d’y recevoir les réponses dont vous avez besoin. Pour vous y aider, n’hésitez pas à boire à grands traits les sublimes enseignements des textes sacrés et des saintes personnes, à réfléchir mûrement à ce que vous en retenez, et dans toute la mesure du possible, à vous absorber dans le chant du maha-mantra, le grand mantra de la pleine conscience et de la pleine réalisation de soi et de l’Absolu, à nul autre égal en cette ère de discorde et de confusion où nous vivons.

Satchinandana Swami

Il vous appartient de frapper à la porte
De l’inépuisable réservoir de vérité
D’où les sages tirent leur richesse.
Allez vous abreuver à la fontaine de vérité,
Dont jamais le nectar ne laisse aucun pèlerin sur sa soif.

(Shrila Bhaktivinode Thakour, The Bhagavat)

Invisible et précieuse quiétude