Qu’on se le tienne pour dit: la spiritualité sans philosophie n’est que sentimentalité!

Les matérialistes de tous ordres voient volontiers les tenants d’une quelconque forme de spiritualité comme des faibles d’esprit accrochés à des croyances sans fondement. Qu’il s’agisse de religion, d’ésotérisme, d’un mouvement d’inspiration spirituelle ou d’un culte particulier, les adeptes en sont le plus souvent perçus comme des gens qui ont besoin de croire en quelque chose de surnaturel pour donner un sens à leur vie.

Et vous savez quoi? C’est très souvent le cas!

Ces perceptions sont en effet trop souvent fondées. Besoin d’appartenance et de reconnaissance sociale. Désir de donner un sens à ce qui dépasse notre entendement. Recherche de mieux-être dans une conscience élargie. Autant de motivations qui poussent une foule de gens à pratiquer la religion de leurs parents. À suivre un prédicateur ou un influenceur charismatique. À souscrire à une idéologie rassurante.

Grand bien leur fasse, mais lorsque ces personnes omettent d’approfondir les fondements de ce à quoi elles adhèrent, elles s’exposent ouvertement à être taxées de naïveté, de sentimentalité et de croyance aveugle. Sans compter qu’elles risquent de prêter foi à des idées complètement fausses, car il y a autant de trompeurs que de trompés!

Des bases tout à fait légitimes

La spiritualité n’est ni une simple forme de croyance ni une vue de l’esprit fantaisiste. Elle est inhérente à notre être.

«Nous ne sommes pas des êtres humains en quête d’une expérience spirituelle, mais bien des êtres spirituels vivant une expérience humaine.»

Pierre Corbeil, Vivre ma spiritualité aujourd’hui, 2019.

L’appel de la spiritualité repose d’abord et avant tout sur le constat que la vie ne peut venir de la matière, que nous sommes différents du corps que nous habitons, et que nombre de phénomènes échappent à notre expérience du monde visible.

La matière ne s’anime que lorsque la vie s’y introduit. Et lorsque la vie quitte un corps, il s’éteint et se décompose. La source d’énergie qui anime le corps n’est donc pas de la même nature que la matière dont il se compose.

Mon corps ne cesse par ailleurs de se transformer au fil des ans, alors que la personne que je suis demeure la même tout au long de ce processus de vieillissement. Le corps et la personne qui a conscience et connaissance du corps sont donc deux choses distinctes.

Et combien de phénomènes psychiques ou surnaturels demeurent inexplicables par la voie des sciences physiques? Ils le demeureront d’ailleurs, car ils n’appartiennent pas aux champs d’étude des sciences conventionnelles. Mais ils n’en existent pas moins!

Ces constats soulèvent des questions qui appellent des réponses, des réponses que les gens ne peuvent chercher qu’hors des sentiers battus de la science moderne, puisqu’elles ne relèvent pas de son domaine d’expertise. Et qui les trouvent là où ils peuvent. Les grandes religions ont toujours eu la cote dans ce domaine, mais leur fait désormais concurrence une flopée d’églises parallèles, de sectes hétéroclites, de gourous autoproclamés et de coachs de vie improvisés.

Construire sur du solide

Quel que soit l’attrait qu’exerce sur moi une école de pensée ou une ligne de conduite en matière de spiritualité, les Védas me conseillent de faire appel au philosophe en moi pour en valider la valeur et l’authenticité.

Il ne s’agit pas ici de devenir intello ou de se plonger dans des études interminables. Il s’agit simplement de vérifier ses sources. Et de comprendre ce à quoi j’adhère. Beaucoup, mais alors vraiment beaucoup de gens se contentent de réponses faciles et se laissent tout aussi facilement séduire par des enseignements qui flattent leur ego ou concordent avec ce qu’ils se plaisent eux-mêmes à penser. Ce qui en fait de parfaits candidats à la naïveté et à la crédulité.

Les voies de la réalisation spirituelle ne s’inventent pas et ne s’improvisent pas. De grands sages, maîtres et prophètes ont depuis longtemps balisé ces voies, et tous les pèlerins qui les ont empruntées ont eu le bonheur d’en éprouver la pertinence.

C’est pourquoi les Védas recommandent d’en référer aux enseignements de ces sages, maîtres et prophètes, transmis de génération en génération, pour s’assurer que les messages qu’on nous transmet aujourd’hui sont bien conformes aux principes et aux préceptes reconnus comme étant fondés et probants par tous ceux et celles qui les ont dûment appliqués.

D’en référer également aux écrits qui font autorité en la matière. Il y en a dans toutes les traditions et les grandes écoles de pensée, et ils contribuent avantageusement à notre compréhension des questions fondamentales de la vie.

Et d’en référer, finalement, aux personnes versées dans la teneur des textes et dans l’entendement des enseignements de référence. D’incontournables alliés dans toute démarche spirituelle un tant soit peu sérieuse.

«Cherche à connaître la vérité en approchant un maître spirituel. L’âme réalisée peut te révéler le savoir, car elle a vu la vérité.»

Bhagavad-gita 4.34

Une question d’assurance qualité

Ne pourrais-je simplement me laisser guider dans ma démarche par ma petite voix intérieure? Sans la négliger, il convient d’admettre que mon jugement risque d’être teinté par des considérations contraires à mon véritable intérêt. Autrement dit, consciemment ou non, il se pourrait très bien que j’interprète ce que j’entends. Est-ce vraiment la voix de la conscience qui me parle, ou est-ce que je ne cherche pas plutôt à me convaincre moi-même de ne faire que ce qui me chante?

C’est pour éviter de se fourvoyer soi-même que les Védas recommandent de valider ses perceptions intimes auprès de sources compétentes et concordantes. Les véritables guides spirituels sont toujours en accord avec les écrits faisant autorité en la matière, de même qu’avec les maîtres qui les ont précédés. En confrontant ses propres vues aux leurs, on peut être assuré de cheminer dans une voie fiable et de réaliser de réels progrès. La science de la pleine réalisation de soi est établie de longue date, et il suffit d’en appliquer les principes pour en retirer les bénéfices.

Tout cela ne fera pas de moi un grand philosophe, mais j’aurai au moins le mérite de ne pas souscrire naïvement ou aveuglément à des propositions alléchantes et apparemment prometteuses, mais en réalité vides de sens et contraires à mes aspirations profondes. Il y a là des réflexes qui gagnent à être développés.

Osons être philosophes