Ce billet constitue une synthèse de deux articles de Jonathan Léger Raymond d’abord publiés sous les titres «L’ayurvéda et les trois doshas» et «Les trois doshas: l’équilibre de la santé». Jonathan est thérapeute en ayurvéda et herboriste accrédité, co-fondateur du centre Espace Ayurvéda à Montréal et d’Ayurvéda Révolution, une plateforme de référence internationale sur l’ayurvéda et le mode de vie écologique.

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Jonathan Léger Raymond

L’ayurvéda est une médecine traditionnelle très vaste et avancée, élaborée en Inde au fil des millénaires. C’est aussi une médecine actuelle, pertinente, qui parvient à des résultats phénoménaux pour soigner des pathologies réputées incurables en médecine moderne.

Les principes de base de l’ayurvéda sont simples, et ils peuvent être compris rapidement. Ils s’adaptent aisément à nos choix quotidiens d’activités et de nourriture. Cela dit, ces principes se conjuguent aussi en des formes plus complexes et nuancées pour dénouer des problématiques plus coriaces et répondre aux besoins de praticiens plus expérimentés.

La clef de voûte de la médecine ayurvédique

L’ayurvéda repose sur trois principes énergétiques appelés doshas. Ces principes inhérents à la vie sont connus sous le nom de vata (le mouvement), pitta (la transformation) et kapha (la préservation). Ils sont présents aussi bien à l’échelle du système solaire qu’à celle de l’atome, où l’on constate le mouvement des électrons, une charge électrique renfermant un potentiel de transformation ainsi qu’une force de cohésion qui maintient électrons, protons et neutrons en équilibre. Pour reprendre les mots de la Charaka-samhita: «Partout où il y a la vie se trouvent les trois doshas.».

Les trois doshas regroupent toutes les influences qui ont un impact sur notre vie (alimentation, température, activités, humeurs, malaises…), et une bonne compréhension de leurs interactions permet de dégager les multiples facteurs qui favorisent notre santé ou qui lui nuisent. L’ayurvéda vise à faire en sorte que nos doshas soient en équilibre, à rétablir cet équilibre lorsqu’il est rompu, et à prendre les moyens de le maintenir.

Vata • le mouvement

Le principe du mouvement – associé à l’air et à l’espace – gouverne la motricité, les influx nerveux, les rythmes biologiques, la circulation sanguine et la fonction péristaltique. Lorsqu’il est dominant, vata caractérise un corps filiforme et irrégulier.

En déséquilibre, vata peut notamment être cause d’agitation mentale, d’anxiété, de confusion, de rigidité, de sécheresse, de constipation et de gaz intestinaux. Un excès de vata peut être apaisé par l’application de chaleur, l’hydratation, la confiance, la douceur et les plats onctueux et consistants.

Pitta • la transformation

Le principe de la transformation – associé au feu et à l’eau – gouverne la digestion des aliments, les processus enzymatiques, l’action des hormones, la régulation de la température corporelle, la pigmentation de la peau et l’acuité visuelle. Lorsqu’il est dominant, pitta caractérise un corps proportionné et lustré.

En déséquilibre, pitta peut notamment être cause d’hyperacidité gastrique ou d’acidité systémique, de sensations de brûlure, d’infections, d’inflammations, de rougeurs et d’émotions liées à la colère. Un excès de pitta peut être apaisé par l’application de froid, le calme et le contentement, en évitant les sources d’acidité et de toxines, de même qu’en consommant des légumes verts et amers.

Kapha • la préservation

Le principe de préservation – associé à l’eau et à la terre – gouverne ce qui soutient et protège l’organisme, à savoir le squelette, les tissus, les graisses, les fluides et le système immunitaire. Lorsqu’il est dominant, il caractérise un corps généreux et une solide ossature.

En déséquilibre, kapha peut notamment favoriser la production de mucus, l’obésité, une sensation de lourdeur, une digestion lente, des intolérances alimentaires, de la léthargie et un sentiment de tristesse. Un excès de kapha peut être apaisé par l’application de chaleur, le mouvement, les défis, le détachement et des plats légers aux saveurs relevées.

Un ensemble révélateur

L’agencement des doshas permet en outre d’établir la nature intrinsèque d’une personne, ce qu’il est convenu d’appeler sa prakriti en ayurvéda. Cette «constitution ayurvédique» regroupe nos caractéristiques physiques et psychologiques, de même que les forces et les faiblesses avec lesquelles nous devons composer, un peu comme notre bagage génétique.

La connaissance des forces qui agissent en nous à travers les doshas nous permet de comprendre l’influence de nos habitudes de vie, de notre alimentation, de notre environnement, de nos émotions et de nos pensées sur notre santé. Ainsi le modèle ayurvédique de la santé tient-il compte d’une multitude de facteurs pour expliquer les variations de nos états d’être et le développement des maladies. Une approche holistique beaucoup plus efficace que de chercher à cerner une cause et une solution uniques à nos problèmes de santé.

Vers l’équilibre

Pour bien équilibrer les doshas d’une personne, le praticien en médecine ayurvédique évalue d’abord sa constitution et détermine son état actuel. Il est alors en mesure de lui recommander une marche à suivre sur mesure, entièrement personnalisée.

L’ayurvéda met à profit une panoplie de thérapies pour obtenir les résultats voulus, de l’aromathérapie à l’herboristerie en passant par la chirurgie et la parapsychologie. Sans oublier les techniques exclusives à la médecine ayurvédique, comme les messages aux huiles médicinales (abhyangas) ou la synchronisation des points vitaux (marmas). En effet, il ne s’agit pas de prôner une approche particulière, mais bien de développer un éventail de stratégies en fonction des besoins du bénéficiaire.

En rééquilibrant les doshas, l’ayurvéda contribue directement et efficacement à notre bien-être physique et moral. Son approche multidisciplinaire, conjuguée aux meilleures pratiques actuelles d’autres traditions thérapeutiques, favorise par ailleurs le développement de notre autonomie et de notre sens critique face à une jungle d’informations parfois contradictoires en matière de santé.

Le b.a.-ba de l’ayurvéda