Pythagore • Socrate • Thalès de Milet • Aristote • Platon • Zénon d’Élée


Et si les philosophes grecs n’avaient pas inventé la roue?

On s’entend généralement pour dire que toutes les philosophies occidentales découlent, dérivent ou s’inspirent des voies tracées par les augustes penseurs de la Grèce antique, souvent considérée comme le berceau de la civilisation. Ce que peu de gens savent, cependant, c’est que les grands philosophes grecs puisaient eux-mêmes à la pensée védique!

Chez les Anciens, la philosophie était la science du savoir. Le mot tire d’ailleurs son étymologie du grec philo (amour) et sophia (sagesse). Cet « amour de la sagesse » donne lieu à une quête de vérité qui suscite de temps immémorial diverses conceptions de la causalité et de la finalité des êtres et des choses.

Ainsi les Védas millénaires détaillent-ils six philosophies primordiales, ou « visions du monde » (darshanas), promulguées par autant de sages dont les approches se chevauchent et se complètent jusqu’à fournir une compréhension globale du visible et de l’invisible :

La philosophie du nyaya, promulguée par Gautama, repose sur l’analyse logique, le raisonnement et la rhétorique pour appréhender la réalité. Elle définit les règles du débat relatif aux thématiques essentielles et existentielles du monde physique, du monde vivant et de l’Absolu.

La philosophie du vaisheshika, promulguée par Kanada, s’appuie sur les procédés du nyaya pour cerner systématiquement les caractéristiques qui différencient les concepts, classifiés en six catégories ontologiques : les substances, les propriétés, les activités, les substrats, les singularités et les inhérences. Les lois atomiques y sont tenues pour être la cause de la création et le fondement de toutes les catégories métaphysiques de la réalité.

La philosophie du sankhya, promulguée par Kapila, élargit le processus analytique du vaisheshika pour approfondir et synthétiser la connaissance de la matière et de l’esprit, des éléments les plus subtils aux plus grossiers, jusqu’à distinguer l’âme de la matière au sein de laquelle elle évolue. La Nature est alors tenue pour être la cause de tout ce qui existe.

La philosophie du yoga, promulguée par Patañjali, identifie plus clairement l’esprit à l’âme, décrite comme étant de nature spirituelle. Elle promeut le développement de la conscience de son identité intime et de la présence d’une manifestation de l’Absolu en chaque être et en chaque chose par l’application d’exercices mécaniques et de techniques méditatives.

La philosophie du mimamsa, promulguée par Jaimini, ne se préoccupe pas directement de la nature de l’être et de la matière comme les écoles de pensée qui précèdent. L’action et ses résultats sont tout ce qui compte. Elle prône donc une adhésion rigoureuse aux pratiques rituelles qui encadrent l’action intéressée et favorisent l’accomplissement fructueux des devoirs dévolus à chacun selon son rang et son statut.

La philosophie du védanta, promulguée par Vyasadéva, comble les failles des cinq philosophies antérieures et marque l’aboutissement de la sagesse des Upaniṣads. Elle priorise la pleine réalisation de soi en lien avec la conscience de l’Absolu et de ses différentes énergies, aussi bien matérielles que spirituelles.

Et les Grecs, dans tout ça?

Des historiens et des indianistes britanniques, français et allemands ont découvert que les six grandes écoles philosophiques des Védas étaient bien connues, étudiées et hautement respectées en Grèce antique. Les travaux exhaustifs du professeur Richard von Garbe de l’Université de Konigsberg ont même permis d’établir, à la fin du 19e siècle, qu’Aristote était un adepte de la philosophie du nyaya de Gautama, que Thalès était un adepte de la philosophie du vaisheshika de Kanada, que Pythagore était un adepte de la philosophie du sankhya de Kapila, que Zénon était un adepte de la philosophie du yoga de Patañjali, que Socrate était un adepte de la philosophie du mimamsa de Jaimini, et que Platon était un adepte de la philosophie du védanta de Vyasadéva.

Il en est ressorti que c’était en grande partie sous l’influence des écoles de pensée védiques que s’étaient par la suite articulées les philosophies modernes dans le sillage des Grecs.

Un philosophe peut en cacher un autre