Croyez-vous aux fantômes et aux revenants, sinon aux spectres ou à toute autre forme d’esprit? De tous temps et en tous lieux, des gens ont rapporté avoir perçu la présence d’entités désincarnées au comportement pour le moins mystérieux et souvent effrayant. À notre époque sous le règne de la science, nombreux sont ceux et celles qui n’y voient que foutaise, fabulation ou supercherie. Reste que d’éminents scientifiques ont sérieusement étudié la question, et que nous disposons aujourd’hui d’une somme colossale de preuves solidement documentées de phénomènes incontestablement paranormaux.

Le naturaliste britannique Alfred Wallace, cofondateur de la théorie de l’évolution, écrivait en son temps:

«La plupart des gens ont été élevés dans la croyance que les fantômes, les miracles et toute une série d’autres phénomènes étranges sont contraires aux lois de la nature, et qu’il ne peut s’agir que de superstitions d’un âge révolu, d’illusions ou d’impostures. J’étais moi-même des plus sceptiques lorsque j’ai entrepris d’étudier la chose de plus près, jusqu’à ce que les faits parlent d’eux-mêmes.»

De son côté, l’éminent psychologue William James confessait:

«Face aux données probantes accumulées à ce jour sur les fantômes et toutes choses dites surnaturelles, il m’est impossible de brandir le biais de la soi-disant rigueur scientifique comme étant la seule juge de ce qui est et de ce qui n’est pas.»

Et les preuves n’ont cessé de continuer à s’accumuler depuis. Une enquête Gallup d’envergure réalisée dans les années 1990 révélait en outre que 10% des répondants affirmaient avoir déjà vu un fantôme ou perçu de quelque autre façon la présence d’une telle entité, et que jusqu’à 30% des sujets interrogés croyaient aux maisons hantées.

Quoi qu’il en soit, force est de reconnaître que la notion d’esprit ou de fantôme demeure inacceptable pour la plupart des scientifiques. Ne serait-ce que parce que la science moderne ne dispose d’aucune structure conceptuelle pouvant expliquer l’existence de quelque phénomène paranormal que ce soit. Cela dit, il importe de souligner qu’il n’existe aucune preuve scientifique que la réalité globale se limite au plan matériel, et que rien ne justifie que la science se limite elle-même à l’étude de phénomènes purement physiques.

Pour prendre une saine distance par rapport aux croyances, aux idées préconçues et aux controverses de toutes sortes en ce qui concerne les fantômes et leurs semblables, je vous propose d’examiner le cadre d’étude systématique mis de l’avant par les Védas.

Différents plans d’existence

D’entrée de jeu, les écrits védiques distinguent trois plans d’existence:


  • le plan matériel grossier, soit celui de la réalité physique perceptible par nos sens et au moyen d’instruments permettant de repousser les limites de nos sens.

  • le plan matériel subtil, soit celui du mental, de l’intelligence et de l’ego – ou plus précisément de ce que les Védas décrivent comme le «faux ego», à savoir le sentiment que notre identité repose entièrement sur notre corps physique et sur l’image de nous-mêmes que nous renvoie notre mental conditionné par notre environnement matériel.

  • le plan spirituel, soit celui de l’âme, siège de la conscience et du véritable ego, de nature immatérielle.

On parle communément du corps et de l’esprit pour désigner les composantes matérielles grossières et subtiles d’une personne. Or, aux fins de notre propos, il importe de distinguer l’esprit en question de l’âme. Notre esprit, bien qu’invisible, n’est pas de nature spirituelle. Il est constitué d’éléments matériels subtils qui le rendent imperceptible à nos sens; qui plus est, il est dépourvu de conscience. La conscience est en effet l’apanage exclusif de l’âme, de l’être en soi; l’esprit (le trio mental-intelligence-ego) n’est qu’une interface permettant à l’âme consciente d’interagir avec le plan matériel grossier.

Dans le cadre de ses fonctions, l’esprit ne cesse d’emmagasiner impressions, souvenirs et désirs de toutes sortes au contact du corps physique, et cet état de fait joue un rôle de premier plan dans la compréhension des phénomènes paranormaux qui nous intéressent.

D’âme incarnée à âme désincarnée

À l’heure de la mort, l’âme quitte le corps grossier qu’elle occupait, enveloppée du corps subtil. Les Védas expliquent que les lois de la nature font alors normalement en sorte qu’elle obtienne une nouvelle enveloppe charnelle en résonnance avec son karma, pour ainsi poursuivre sa destinée. Il arrive toutefois qu’une âme ne puisse obtenir un nouveau corps et qu’elle doive subsister sous une forme désincarnée. Bien qu’elle conserve un corps subtil, on la dit désincarnée du fait qu’elle n’a pas de corps physique à proprement parler. Ce sont de telles âmes qu’on désigne du nom de fantômes.

On peut naturellement se demander ce qui peut bien empêcher certaines âmes d’obtenir un nouveau corps. Il y a essentiellement deux réponses à cette question.

  1. Le suicide. Selon les Védas, la durée de vie d’un être vivant est fixée – de par son karma – à un certain nombre de respirations. Et au terme du temps qui lui est imparti, la semence d’un nouveau corps est tenue à sa disposition pour lui permettre de poursuivre sa destinée karmique. Une personne qui détruit prématurément son corps se condamne donc de facto à errer sous une forme désincarnée jusqu’à ce qu’un corps lui soit de nouveau disponible dans l’ordre universel des choses. Croyant mettre fin à ses souffrances et à ses tourments en se donnant la mort, elle se voue au contraire à une existence encore plus misérable du fait qu’elle n’a plus de corps grossier pour assouvir les besoins et les désirs qui continuent de hanter son corps subtil.

  2. Un attachement extrême. Une personne qui, au moment de la mort, entretient un attachement démesuré à son corps, à son entourage, à son environnement ou à ses biens peut aussi devenir un fantôme. En pareil cas, c’est une obsession excessive pour le passé qui empêche l’âme d’accepter un nouveau corps et d’aller de l’avant avec sa destinée. Il en résulte une vie d’errance sur le plan subtil, où l’âme n’a plus aucun moyen tangible de sublimer l’attachement qui la dévore.

Enfer et damnation

La frustration dans laquelle se voit plongée une âme désincarnée est à vrai dire insoutenable. L’esprit errant entre deux plans possède encore, rappelons-nous, un corps subtil chargé de souvenirs de sa plus récente vie incarnée et débordant de désirs qu’il ne peut combler en l’absence d’un corps physique. Désirs qui se trouvent par ailleurs exacerbés à la vue des vivants jouissant librement de la vie à travers leurs sens.

Cet état de frustration dévorante peut charger un esprit, un revenant, un spectre ou un fantôme d’une énergie si intense qu’il devient perceptible sur le plan physique. Certaines personnes ressentent d’ailleurs la présence de telles entités et s’en trouvent bouleversées, sinon carrément apeurées ou menacées.

Ces peurs sont d’ailleurs parfois fondées, car dans certains cas extrêmes, un esprit peut chercher à «posséder» un individu, c’est-à-dire à prendre le contrôle de son corps pour satisfaire ses propres désirs. Le cas échéant, la personne en question se met à parler et à agir d’une façon qui, aux yeux de son entourage, lui est totalement étrangère, voire incompréhensible. C’est que la personnalité d’un individu possédé se trouve écrasée par celle de l’esprit qui s’est emparé de lui et qui le domine.

À suivre…

SOS fantômes? (1/2)