Illustration de la bataille de Kouroukshétra
dans une ancienne édition manuscrite du Mahabharata.


Réflexion de circonstance d’un point de vue… spirituel. Pour tout le reste, les médias et les réseaux sociaux font très bien l’affaire.

Au 30e siècle avant notre ère, à la veille de l’historique bataille de Kouroukshétra, le grand justicier Yamaraja met à l’épreuve la sagesse du roi Youdhisthira en lui demandant quelle est la chose la plus merveilleuse en ce monde. Et l’auguste souverain de lui répondre:

«La plus merveilleuse de toutes les choses en ce monde,
c’est que des centaines de milliers d’êtres vivants meurent à chaque instant,
et que les gens continuent à vivre comme si leur heure n’allait jamais venir.»

Mahabharata, Vana-parva, 313.116

Personne n’a envie de mourir, et c’est tout à fait naturel. Personne n’a trop envie d’en parler ou d’y penser non plus, et c’est tout aussi naturel. Reste que nous sommes continuellement témoins de l’œuvre du temps qui fauche tout sur son passage, et que nous pouvons passer l’arme à gauche à tout moment. Personne ne sait quand son heure viendra, mais elle viendra, et nous aimons croire qu’elle viendra… plus tard, beaucoup plus tard. Jusqu’à ce qu’une redoutable menace vienne soudainement nous rappeler que notre vie ne tient toujours qu’à un fil et que notre monde peut basculer à tout moment.

Cela dit, notre plus grande crainte ne devrait pas être de succomber aux virus venus de l’extérieur, mais plutôt de continuer à cajoler le virus qui nous ronge de l’intérieur! Ce satané virus qui entretient notre conception matérielle de la vie et qui nous pousse constamment à nous identifier à notre corps. Ce fichu virus qui nous fait complètement oublier que c’est notre enveloppe qui est mortelle, pas nous!

Virus, sort de cette âme

Comment nous débarrasser de cet empêcheur de tourner en rond qui menace constamment de faire échouer nos projets de bonheur sans limites? Tout d’abord en prenant conscience de son existence. Si je n’ai pas conscience d’être ballotté entre mes désirs et mes émotions en réaction aux sollicitations de mes sens, je ne peux que continuer à jouer le jeu de l’ennemi public no 1.

Secundo, en m’enfonçant dans le crâne une bonne fois pour toutes que rien n’est permanent sur le plan matériel, et que tous mes efforts pour jouir pleinement de la vie dans un corps sous l’emprise du plus délétère de tous les virus sont inéluctablement voués à l’échec.

«Éphémères, joies et peines, comme étés et hivers vont et viennent.»

Bhagavad-gita, 2.14

Tertio, en adoptant une perspective plus durable et jouissive de la vie. Si je ne suis réellement maître de rien d’autre que la conscience dans laquelle j’agis, j’ai tout intérêt à développer un goût supérieur à celui des plaisirs furtifs qui s’offrent à moi sur le plan matériel.

L’immunité ici et maintenant

À bas le virus de la mort! Injectons-nous sans tarder le vaccin qui libère de toute crainte et de toute entrave. Comment? En utilisant cette forme humaine pour nous rapprocher de l’Absolu. En reconnaissant que nous ne sommes que d’infimes parcelles du Grand Tout et en acceptant humblement de nous mettre à son service plutôt que de chercher à tout contrôler autour de nous. Enfin, en honorant et en glorifiant constamment non seulement la vie, mais la Source de toute vie.

Qui pense, parle et agit dans une telle conscience s’établit spontanément sur le plan spirituel et goûte pleinement un bonheur sans fin et sans limites, ici et maintenant. Ce n’est pas plus compliqué que ça.

«Sur le plan spirituel, chaque pas est une danse, chaque parole est un chant,
et jamais ne cessent ni l’amour ni les rires.»

Brahma-samhita, 5.56

Lavons-nous les mains, mais aussi le cœur. Réintégrons nos foyers, mais aussi l’intérieur de nous-mêmes. Faisons de l’exercice, mais profitons-en aussi pour nous entraîner à voir les choses autrement et à nous immuniser contre la foutue conception matérielle de la vie qui nous rend esclaves de notre corps et nous expose à toutes les plaies de ce plan d’existence temporaire et illusoire.

N’attendons pas la maladie, la vieillesse, la famine, la guerre, les pandémies ou les catastrophes naturelles pour nous rappeler de mettre les choses en perspective et de nous recentrer sur l’essentiel. La vie est trop courte pour ça! Vivons notre immortalité dès aujourd’hui!

La merveille des merveilles