Mais ne vous en faites pas pour moi. Tout va très bien.

Si vous croyez que l’âme est un mythe, ma déclaration ne vous surprend pas du tout. Mais si vous êtes de ceux et celles qui parlez volontiers de «vieille âme» et d’«âme sœur», vous vous demandez sans doute comment une personne ayant toutes ses facultés peut dire une chose pareille. Quoi qu’il en soit, je persiste et je signe : je n’ai pas d’âme. Et si je n’ai pas d’âme, c’est pour la simple et bonne raison que je suis une âme.

Avoir et être n’ont jamais été plus distincts l’un de l’autre!

L’âme dont je parle, c’est l’atma, le soi. C’est l’anima, l’entité qui anime le corps. C’est la psyché des Grecs, l’unité personnelle de l’être. C’est l’observateur et le témoin des métaphysiciens. C’est l’atome d’antimatière qui donne forme à la matière. C’est l’étincelle de vie sans laquelle toutes nos cellules meurent et deviennent inertes.

Le nom importe peu; ce qu’on appelle communément l’âme, c’est la personne vivante et consciente. Point final. Pourquoi lui attribuer une appellation particulière? Pour la distinguer du corps et des éléments grossiers et subtils dont il se compose. Car le corps et l’âme sont aussi distincts l’un de l’autre que le sont avoir et être.

Mais encore?

On entend et on lit des phrases du genre : «Prenez soin de votre âme», ou «Faites du bien à votre âme». Mais à qui s’adresse-t-on au juste? Si le corps, ses organes et son cerveau s’éteignent lorsque la vie les quitte, qui est donc cette personne qui possède une âme? Et de quelle nature est cette âme si elle n’est ni la personne elle-même ni le corps dans lequel elle se trouve?

Nous sommes tellement conditionnés à nous identifier au corps que nous habitons que même les personnes informées de la véritable nature de l’âme se laissent prendre à parler de «leur» âme.

En quoi sommes-nous distincts de notre corps? La Bhagavad-gita, les Upanishads et les Puranas l’expliquent en détail. Mais qu’il suffise ici de dire que l’âme est de nature spirituelle et éternelle. Elle ne partage aucun attribut avec la matière et elle ne meurt pas avec le corps.

Utile précision

C’est la nature spirituelle de l’âme qui fait qu’elle donne vie au corps, car seule l’énergie spirituelle peut animer la matière; aucune forme d’énergie matérielle ni aucun assemblage d’éléments physiques ne peut donner la vie, ni la ressusciter. Et c’est la nature éternelle de l’âme qui fait que, pendant son séjour dans le corps, elle se voit intuitivement vivre pour toujours, alors que cette perspective est impensable dans un corps périssable.

La vie ne peut venir que du vivant. Seule l’âme vivante peut donner vie aux éléments matériels, et seule l’âme consciente peut posséder un mental et une intelligence. N’y a-t-il pas lieu d’insister sur la distinction entre avoir et être pour mieux comprendre qui nous sommes vraiment?

À toutes fins utiles, si vous me parlez de «votre» âme, je ne vous en voudrai pas. Mais ne soyez pas surpris.e si je vous demande qui parle au juste.

Je n’ai pas d’âme