… et je te dirai quels bienfaits tu en retireras. La méditation a le vent dans les voiles. On ne compte plus les studios de yoga qui l’intègrent à leur pratiques, sans parler des promoteurs de la pleine conscience tous azimuts et du récent engouement pour les techniques assistées par intelligence artificielle qui promettent de vous faire expérimenter en un rien de temps des états mentaux, ou jhanas, que les moines d’antan mettaient une vie entière à atteindre. Que pouvons-nous en retirer exactement?
La réponse courte: les bienfaits de la méditation sont fonction de l’objet de la méditation. Autrement dit, si vous méditez sur les nuages, sur votre respiration ou sur le flot de vos pensées, vous n’obtiendrez pas le même résultat qu’en méditant sur le Suprême sis dans votre cœur ou sur l’Absolu dans sa forme personnelle, source et soutien de l’univers.
Pour plus de précision, il n’est pas inutile de rappeler que la méditation est une discipline spirituelle, que son objet est purement spirituel et que ses bénéfices sont par-dessus tout d’ordre spirituel. On l’oublie facilement puisque toutes les pratiques et techniques couramment associées à ce mot relèvent en fait de la concentration, de la relaxation, de la visualisation ou de la négation de la réalité, toutes choses qui n’ont malheureusement rien à voir avec la méditation.
La maîtrise des sens et du mental (yama / niyama), tout comme le contrôle de la respiration (pranayama) et la pratique de la concentration (dharana) sont en fait des préalables à la méditation (dhyana). Et les bienfaits qui en découlent sous forme de bien-être, de détente, de paix d’esprit, voire d’euphorie transitoire ne sont eux-mêmes que des sous-produits du samadhi que procurent la méditation et la pleine conscience au sens propre.
Pour plus de détails à ce sujet, je vous invite à lire ou à relire mes billets sur la méditation et la pleine conscience, deux termes aujourd’hui détournés de leur sens et employés à tort et à travers. Dans le présent article, je souhaite plutôt mettre l’accent sur les bienfaits de la méditation yogique ou mantrique telle que décrite et enseignée dans les textes védiques, d’où la méditation tire après tout ses origines.
Un trésor à la portée de tous
Le porte-flambeau de la Renaissance spirituelle au 15e siècle, Chaitanya Mahaprabhou, a tracé la voie du développement de la conscience divine et du pur amour de l’Infiniment fascinant au profit des générations à venir. Ses disciples ont consigné cette science dans de savants ouvrages qui en couvrent tous les aspects. Le maître lui-même n’a toutefois écrit aucun livre; il a simplement résumé l’essence de son enseignement dans huit versets réunis sous le nom de Shri Shikshastaka.
Pour ce qui nous concerne, le tout premier de ces versets est particulièrement révélateur en ce qu’il décrit précisément sept bienfaits insoupçonnés de la méditation yogique – tout spécialement mantrique – chez ceux qui la pratiquent avec foi et en toute humilité dans un esprit dévotionnel. Tout mantra évoquant le Divin peut procurer ces bienfaits dans une mesure ou une autre, mais Chaitanya préconisait quant à lui, pour l’époque où nous vivons, le célèbre maha-mantra, aussi appelé «le grand mantra de la délivrance», centré sur les noms absolus du Suprême dans sa forme personnelle:
Haré Krishna, Haré Krishna
Krishna Krishna, Haré Haré
Haré Râma, Haré Râma
Râma Râma, Haré Haré
Pourquoi «délivrance»? Parce que ce mantra qui permet d’entrer en communication avec le Suprême dans sa forme aussi bien féminine (Haré) que masculine (Krishna) a le pouvoir de nous délivrer de nos conceptions limitatives de la vie. Des contraintes et obligations artificielles imposées par la société. De nos peurs et de nos angoisses. Des blocages qui nous empêchent de libérer notre plein potentiel et de nous réaliser pleinement. Il s’agit là de bénéfices à n’en point douter, et non des moindres, mais revenons au sept bienfaits exprimés par Chaitanya.
1. La méditation sur la forme sonore de l’Absolu a pour effet de purifier le miroir de la conscience.
En débarrassant la conscience des impuretés qui, au contact de la matière, nous empêchent de voir notre véritable identité – de même qu’un miroir recouvert de poussière ne peut refléter notre image physique –, la méditation sous forme de mantra-yoga nous libère de notre identification au corps et permet à l’âme spirituelle de rayonner dans toute sa splendeur.
2. La méditation sur la forme sonore de l’Absolu éteint graduellement le brasier ardent de l’existence matérielle.
La vie en ce monde comporte son lot de joies et de bonheurs, mais aussi de peines et de malheurs, car l’âme s’y trouve en terre étrangère. Bien qu’on ne puisse échapper à toutes les sources de souffrance, la méditation engageant la parole et l’ouïe a le pouvoir d’en adoucir considérablement les assauts en nous recentrant sur l’essence de notre être.
3. La méditation sur la forme sonore de l’Absolu est telle une lune croissante propice à l’épanouissement du lotus de la bonne fortune.
Cette image évocatrice indique que la méditation spirituelle suscite un attrait grandissant pour l’Infiniment fascinant. Le Seigneur des seigneurs étant absolu, ses noms ne sont pas différents de lui, si bien qu’en les chantant, on se trouve directement en contact avec lui.
4. La méditation sur la forme sonore de l’Absolu est la mère de l’éducation.
Cet aphorisme signifie que l’absorption dans l’objet de la méditation spirituelle dissipe, telle une mère aimante, l’ignorance qui enveloppe l’âme quant à son identité réelle et à son lien éternel avec le Divin.
5. La méditation sur la forme sonore de l’Absolu étend sans fin l’océan de la félicité spirituelle.
Bien que l’âme individuelle ne possède qu’une infime parcelle de conscience, sa capacité à jouir de l’existence au contact du Suprême est sans limite du fait que l’Être à la conscience suprême avec qui elle nourrit des échanges empreints d’amour est lui-même sans limite.
6. La méditation sur la forme sonore de l’Absolu donne à chaque instant de goûter un nectar sublime.
L’accès à la dimension spirituelle par la méditation est une source inépuisable d’expériences et d’aventures plus savoureuses les unes que les autres en relation avec le Suprême. L’ennui n’existe pas sur le plan spirituel.
7. La méditation sur la forme sonore de l’Absolu a le pouvoir de purifier entièrement le soi.
Autrement dit, non seulement l’âme se voit-elle libérée de sa fausse conception d’elle-même, mais son amour grandissant pour l’objet de sa méditation l’affranchit de tout désir de satisfaction personnelle au profit d’un abandon sans réserve à son Seigneur adoré dans le cadre de la relation qu’elle partage avec lui.
Autres temps, autres mœurs
On continuera bien sûr de vanter les mérites plus prosaïques de la méditation, qu’il s’agisse d’une capacité accrue à focaliser, d’une meilleure acuité d’esprit, voire d’un regain d’énergie, ou encore de l’apaisement des angoisses et de la réduction du stress. Mais vous connaissez maintenant la dimension spirituelle de cette discipline millénaire et ses bénéfices incomparables.
Tandis que les yogis des temps passés méditaient de longues années durant sur le Suprême en leur cœur pour qu’il se révèle à eux – approche impraticable de nos jours –, les maîtres de la tradition védique mettent plutôt l’accent, depuis maintenant plusieurs siècles, sur la méditation mantrique (mantra-yoga), recommandée dans les Védas pour son accessibilité universelle à l’époque où nous vivons. Cela dit, elle n’en reste pas moins un cri du cœur à l’endroit du Seigneur des seigneurs, qui fait généreusement pleuvoir sur les méditants le bouquet de bienfaits énoncés plus haut.
Je ne peux que vous en recommander la pratique quotidienne.