Dans la série «L’âme, cette inconnue», inspirée des textes védiques...

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Bien que la science ait fait des progrès en ce qui concerne la compréhension des mécanismes à l’œuvre dans le fonctionnement du corps humain, elle ne s’est guère intéressée à l’étude de la source d’énergie qui donne vie au corps.

Dans l’article qui suit, le docteur Wilfred G. Bigelow, un chirurgien cardiaque de renommée mondiale, insiste sur l’intérêt de recherches systématiques visant à déterminer la nature et les origines de l’âme.

Lui fait écho une lettre de A. C. Bhaktivedanta Swami dans laquelle il expose au médecin la teneur des Védas sur la question. Il y présente en outre divers exemples pratiques pour comprendre la nature de l’âme, son rôle dans le corps et sa position dans l’univers.

Un chirurgien cardiaque veut savoir

ce qu’est l’âme

Article de Rae Corelli
paru dans The Gazette de Montréal
le 18 décembre 1970

WINDSOR, Ontario − Un cardiochirurgien canadien de renommée mondiale dit être persuadé que le corps est habité par une âme qui le quitte au moment de la mort, et il exhorte les théologiens à pousser leurs recherches dans ce sens.

Le docteur Wilfred G. Bigelow, directeur du service de chirurgie cardiaque à l’Hôpital général de Toronto, a affirmé qu’«en tant que personne croyant à l’existence de l’âme», il estimait le moment venu «de démythifier la chose et de découvrir ce dont il s’agit exactement».

Il a fait cette déclaration alors qu’il était membre d’un comité reçu par l’Essex County Medical-Legal Society (ECMS) pour discuter des problèmes relatifs à la détermination du moment exact de la mort. Cette question revêt en effet un caractère essentiel en cette ère de transplantations cardiaques ou autres, notamment lorsque les donneurs sont manifestement sur le point de mourir.

À titre de référence, l’Association médicale canadienne a publié une définition généralement acceptée de la mort selon laquelle elle coïnciderait avec le moment où le patient, plongé dans le coma, ne répond plus au moindre stimulus, et où l’électroencéphalogramme affiche une ligne horizontale continue.

En élaborant sur les points qu’il avait soulevés durant la discussion avec l’ECMS, Bigelow révéla, lors d’une interview ultérieure, que ses trente-deux années de pratique chirurgicale lui avaient confirmé l’existence de l’âme, et ce, sans l’ombre d’un doute.

«Il arrive que nous soyons présents lorsqu’une personne passe de la vie à la mort, et nous constatons alors une transformation mystérieuse. Une des manifestations les plus remarquables est une absence soudaine de vie dans les yeux, qui perdent tout éclat; ils deviennent opaques et morts au sens propre du terme.»



Des recherches difficiles

Bigelow, qui jouit d’une notoriété internationale pour avoir introduit l’utilisation de l’hypothermie dans les opérations à cœur ouvert et pour sa contribution au développement du stimulateur cardiaque, souhaite que des recherches sur l’âme soient entreprises par des universitaires, tant en théologie que dans les disciplines connexes.

John Francis Leddy, président de l’Université de Windsor et membre du comité consultatif auquel appartenait Bigelow, avait pour sa part déclaré au cours de la discussion avec l’ECMS:

«Si l’âme existe, vous ne la verrez pas. Une des grandes difficultés tient à ce qu’elle ne se situe en aucun endroit précis du corps. En tant que principe vital, elle le pénètre de toutes parts, si bien qu’elle reste pratiquement introuvable. Il serait certes intéressant d’entreprendre des expériences en ce sens, mais je ne vois pas comment vous obtiendrez la moindre donnée probante.»

Leddy confia par la suite que ces propos lui rappelaient ceux du cosmonaute soviétique revenu sur terre en niant l’existence de Dieu parce qu’il ne l’avait pas vu là-haut.

«Peut-être, dit Bigelow, mais dans le contexte de la médecine moderne, tant qu’un problème reste irrésolu, le mot d’ordre est de découvrir une piste de solution et de la soumettre au laboratoire, puis de progresser ainsi jusqu’à trouver la vérité.»

Et d’ajouter:

«Dans le cas présent, la question centrale est de savoir où est l’âme et d’où elle vient.»



Extraits de la lettre

de A. C. Bhaktivedanta Swami

en réponse aux interrogations

du chirurgien cardiaque

Cher docteur Bigelow,

Je vous présente mes salutations. J’ai récemment lu, dans The Gazette, un article de Rae Corelli intitulé «Un chirurgien cardiaque veut savoir ce qu’est l’âme», et je l’ai trouvé fort intéressant. Vos commentaires témoignent d’une grande perspicacité, et m’ont donné l’idée de vous écrire à ce propos pour vous offrir l’éclairage des Védas.

Il ne fait aucun doute que l’âme se trouve dans le cœur de l’être vivant, et qu’elle est la source de toutes les énergies qui soutiennent le corps. Elle rayonne dans tout l’organisme sous la forme de ce qu’on appelle la conscience, grâce à quoi une personne éprouve des sensations de douleur ou de plaisir dans chacune des parties de son corps.

L’âme est de nature individuelle, et elle transmigre d’un corps à un autre tout comme une personne passe de l’enfance à l’adolescence, puis à l’âge adulte et à la vieillesse. La mort survient lorsque nous passons d’un corps dans un autre, comme si nous abandonnions un vêtement usé pour en revêtir un neuf. C’est là ce qu’on appelle la transmigration de l’âme.

Une présence essentielle

En ce qui concerne les transplantations cardiaques, elles ne peuvent réussir que si l’âme du receveur transmet son énergie au cœur transplanté. La présence de l’âme est donc nécessaire, et doit de ce fait être admise.

De même, au cours d’une relation sexuelle, il ne peut y avoir conception qu’en présence d’une âme. La contraception a cependant pour effet d’altérer la matrice, de sorte que l’âme ne peut y prendre place. Cette pratique va d’ailleurs à l’encontre des lois divines, qui veillent à ce qu’une âme donnée soit envoyée dans la matrice d’une mère appropriée. Si la destination prévue devient impropre à une saine occupation, l’âme doit être acheminée ailleurs, ce qui perturbe l’ordre naturel des choses.

À titre de comparaison, s’il est prévu qu’une personne prenne possession d’un logement à une date précise, et que l’endroit s’avère être dans un état qui le rend inhabitable, il en résulte une situation fort problématique. Une situation qui va à l’encontre des lois en vigueur, et dont le ou les responsables devront répondre devant un tribunal.


Savoir où chercher

Entreprendre des recherches sur l’âme contribuerait certainement à faire avancer la science, mais quels que soient les progrès réalisés, personne ne pourra découvrir l’âme. Sa présence ne peut être perçue que par une compréhension indirecte.

Les Védas expliquent en effet que la taille de l’âme est de l’ordre d’un dix-millième de la taille d’un point (qui, par définition, n’a pas de dimensions). L’âme est donc tellement petite qu’il est impossible aux scientifiques de la cerner. Il est plutôt recommandé d’appréhender son existence en s’appuyant sur les autorités en la matière. Tout ce que la science découvre de nos jours, les Védas et les maîtres qui en transmettent le savoir l’expliquent depuis longtemps déjà.

Dès qu’on comprend la nature de l’âme, on comprend aussitôt celle de Dieu. La différence entre Dieu et les âmes que nous sommes est que Dieu est une âme sans limite, infinie, alors que l’être vivant est une âme infime. Toutes deux sont toutefois qualitativement égales. Dieu est omniprésent tandis que l’être vivant se trouve en un point localisé, mais leur nature et leurs attributs sont identiques.


Un défi à relever

Vous avez dit: «La question centrale est de savoir où est l’âme et d’où elle vient.» Or, la réponse n’est pas difficile à trouver. Nous savons déjà que l’âme séjourne dans le cœur de l’être vivant, et qu’elle trouve refuge dans un autre corps après la mort.

Les Védas nous apprennent par ailleurs qu’à l’origine, l’âme vient de Dieu. L’étincelle vivante vient en effet du monde spirituel. Et de même qu’une étincelle s’éloignant du feu dont elle émane tend à s’éteindre, l’âme qui passe du monde spirituel au monde matériel devient exposée à ses influences contraignantes, qui ont pour effet de masquer son éclat.

Lorsqu’une étincelle entre en contact avec des herbes sèches, elle demeure incandescente. Si elle tombe au sol, à moins qu’il s’y trouve quelque combustible, elle ne peut manifester aucun éclat. Et si elle vient à tomber dans l’eau, elle s’éteint complètement. Selon le même ordre d’idées, l’âme se présente sous différentes conditions: certains êtres ont tout à fait oublié leur nature spirituelle; d’autres l’ont presque oubliée, mais conservent tout de même un instinct spirituel; et d’autres encore s’efforcent constamment d’atteindre la perfection spirituelle.

Les Védas décrivent une méthode éprouvée pour atteindre la perfection spirituelle, et lorsque l’âme est bien guidée, elle peut facilement retrouver le chemin de sa demeure originelle auprès de Dieu.

Ce serait rendre un grand service à l’humanité que de présenter le savoir avéré des textes védiques sous l’angle de la science moderne. Les données sont déjà là; il ne reste qu’à les agencer de façon à les mettre à la portée de l’homme d’aujourd’hui.

Sincèrement vôtre,

A. C. Bhaktivedanta Swami

Un chirurgien du cœur en quête de l’âme