Dans mon bureau du domaine d’Oublaise, en France, en 1976
à l’époque où je traduisais l’œuvre de mon maître spirituel.

Certains d’entre vous m’ont demandé ce qui m’avait amené à publier livres, articles et billets de blogue sur la pensée védique. Voici donc un aperçu de mon cheminement, de ma démarche et de ma motivation.

La tradition, la culture et la littérature védiques ont beau être vieilles comme le monde, elles demeurent très vivantes à ce jour. Elles n’ont toutefois fait leur entrée dans les cercles universitaires occidentaux qu’à partir de la toute fin du 18e siècle, avec les premières traductions des Védas aux mains de linguistes européens s’employant à en décoder le sanskrit.

Ces traductions comportaient cependant de nombreuses erreurs d’interprétation. La raison en est que les textes de cette vaste somme de savoir sont composés dans une forme complexe, voire hermétique pour qui n’en a pas une vision d’ensemble et n’est pas formé à en saisir les nuances et les subtilités. Les textes eux-mêmes expliquent d’ailleurs que leur contenu ne peut être justement compris et appréhendé que lorsqu’il est transmis de maître à disciple au sein d’une filiation à même d’en préserver l’intégrité.

Or, les tout premiers maîtres à faire connaître la pensée védique hors de l’Inde sans l’altérer d’interprétations spéculatives n’ont commencé à le faire qu’au 20e siècle. Et le plus éminent d’entre eux est sans contredit A. C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada, notamment par ses milliers de conférences à travers le monde et ses traductions commentées en anglais des classiques de la littérature védique, totalisant plus de 60 volumes.

J’ai eu la chance et la grâce d’être initié par ce grand maître, et de contribuer à la traduction en français de son œuvre pendant plus de douze ans. Alors qu’il était encore présent parmi nous, lors d’une de mes rencontres avec lui, il m’a demandé, après avoir traduit ses livres, de présenter les connaissances qu’il m’avait transmises dans ma langue maternelle et dans mes propres mots au profit de ceux et celles qui n’auraient pas le loisir d’étudier les textes védiques dans leur version intégrale.

Vulgarisation oblige

Après plusieurs années de préparation, c’est ainsi que j’en suis venu à publier et diffuser des textes dans un langage se voulant aussi accessible que possible afin d’élargir la compréhension des êtres, de l’univers et de l’Absolu à travers la richesse des Védas. Y ayant moi-même puisé des connaissances, des valeurs et des réalisations qui ont profondément changé ma vie, je me suis fait un devoir – une mission – de chercher à satisfaire le désir de mon maître spirituel à la mesure de mes humbles moyens, et de transmettre à mon tour ce qu’il m’a si généreusement transmis.

Au-delà des volets historiques, scientifiques et littéraires des Védas, mes écrits plongent au cœur même de la dimension philosophique de la spiritualité, là où s’opposent et se rejoignent l’absolu et le relatif, le divin et l’humain, l’âme et le corps, l’esprit et la matière, ou encore la dévotion et l’hédonisme, sous le signe de ce qu’il est désormais convenu d’appeler, selon l’expression consacrée par l’avatar Chaitanya, l’«inconcevable unité dans la diversité», soit la pierre angulaire de la philosophie védique.

Nombre de notions chargées de connotations ésotériques gagnent aujourd’hui à être contextualisées. Reprises par toutes les grandes traditions de ce monde, décortiquées et rebaptisées par différentes écoles de philosophes, reléguées aux oubliettes par la science moderne, vides de sens pour les agnostiques, dépassées pour les libres penseurs, voire risibles pour les athées, elles témoignent en effet d’une réalité que le langage ne permet pas de cerner facilement, mais qui n’en mérite pas moins un regard objectif.

Donner au suivant

La spiritualité sous toutes ses formes n’est que le reflet de la quête de sens qui habite l’humain de tout temps. Elle vise essentiellement à fournir des éléments de réponse aux questions existentielles que tout un chacun se pose inéluctablement. Qu’on l’aborde sous l’angle de la science, de la philosophie ou de la religion, la spiritualité se définit comme la recherche active du mystère de la vie, de l’esprit qui nous pénètre et du fondement des lois de l’univers. Et les questions que soulève cette quête ne trouvent réponse que dans la juste compréhension de tous les facteurs en cause.

Dans cette perspective, il peut être tout aussi utile de puiser à la science des Anciens qu’aux préceptes de la physique quantique, qui se rejoignent d’ailleurs curieusement à de nombreux égards. Nous n’avons pas à tout redécouvrir, non plus qu’à tout réinventer. Notre tendance à vouloir constamment repenser et refaire le monde, tels des naufragés échoués dans un univers inconnu, nous prive trop souvent d’acquis de longue date qui ne demandent qu’à être actualisés.

Directement inspirés des textes philosophiques issus de l’immémoriale tradition védique, mes écrits s’inscrivent dans un courant qui aborde la spiritualité sous l’angle de la réalisation de soi, de la transcendance et de la divinité, et pour peu que vous acceptiez de rendre justice au message, par-delà les limites du langage, vous y découvrirez tout comme moi un trésor de sagesse universelle et un regard neuf sur des questions auxquelles vous et moi cherchons tout naturellement des réponses. C’est précisément à ceux et celles qui souhaitent ajouter des cordes à leur arc de pèlerin de l’au-delà que je m’adresse en tentant de m’acquitter de ma mission de gratitude envers mon maître spirituel.

Oṁ tat sat

Pourquoi j’écris