Suit le texte et la version audio de l’avant-propos de Vivre ma spiritualité aujourd’hui – Une affaire de conscience, qui traite des fondements et des principes d’une saine spiritualité vivante à l’époque où nous vivons.

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À une époque où la religion est largement décriée, où beaucoup ne jurent que par la science et où les athées déclarés s’évertuent plus que jamais à justifier et à pro­mouvoir leurs vues, tandis que des chefs d’État se récla­ment ouvertement de la droite chrétienne, que déferle une vague d’intégristes musulmans, que des vedettes de cinéma se tournent vers le bouddhisme ou la scientologie et que foisonnent les sectes de toutes sortes, dire qu’il est difficile de s’y retrouver en matière de spiritualité relève de l’euphémisme! Cela dit, comme nous cherchons tous, d’une façon ou d’une autre, à connaître nos origines, à comprendre notre finalité et à donner un sens à notre vie, les questions entourant le corps, l’âme et l’au-delà restent aussi pertinentes qu’elles l’ont toujours été.

Nous avons donc toutes les raisons de nous interroger sur la spiritualité telle qu’on la conçoit aujourd’hui, au sens large et sous ses multiples formes. S’agit-il d’un substitut dou­teux aux religions traditionnelles, d’une mode passagère, d’une recette de bonheur parmi tant d’autres, d’une réelle voie de salut ou d’une simple béquille? Quoi qu’il en soit, certains l’embrassent à bras ouverts alors que d’autres la rejettent en bloc, sans oublier, entre les deux, tous ceux qui en prennent et qui en laissent, qui ne savent pas trop quoi en penser ou qui n’en ont franchement rien à faire.

Encore faut-il savoir ce qu’on entend par spiritualité. Pour certains, il s’agit d’une démarche de croissance person­nelle visant à procurer un sentiment de bien-être. Pour d’autres, elle repose sur des croyances et des pratiques axées sur le culte d’une divinité. Puis il y a ceux pour qui l’écologie, le véganisme, l’humanitarisme et l’altermon­dialisme sont en soi des formes de spiritualité moderne — pour ne pas dire de véritables «religions». Et d’autres encore qui prétendent à une spiritualité librement écha­faudée au gré de leurs lectures, de leurs observations et de leurs expériences personnelles.

On ne compte plus les ouvrages sur le sujet, mais la confu­sion n’en est pas moins grande, ce qui n’arrange pas les choses pour ceux et celles qui cherchent sincèrement à y voir plus clair. Dans la mesure où il appartient à cha­cun de trouver sa voie et où la spiritualité demeure une affaire toute personnelle, je n’ai pas l’intention de tran­cher la question pour vous. Je me propose plutôt de vous soumettre des pistes de réflexion et des points de repère à même d’orienter votre propre quête, et ce, à la lumière de constats, de prises de conscience et de connaissances acquises au fil d’un vécu qui m’a amené à explorer de nombreuses facettes de ce qu’on appelle aujourd’hui la spiritualité. J’ai en effet suivi un parcours éclectique, parsemé de doutes, d’explorations et de découvertes, et j’en ai tiré des leçons susceptibles d’intéresser quiconque s’interroge de près ou de loin sur le sens réel de la vie.

Qui dit doutes, dit questionnements. C’est d’ailleurs comme ça que tout a commencé pour moi. Aussi loin que je puisse me rappeler, ma première question existentielle remonte à mes cinq ans. C’était au milieu de l’après-midi, il faisait un soleil radieux et j’étais en train de jouer seul sur le balcon de l’appartement qu’occupait notre petite famille dans un quartier mi-ouvrier mi-classe moyenne. Puis, je m’en souviens comme si c’était hier, j’ai soudainement levé les yeux et, après avoir observé les nuages et le bleu du ciel pendant un moment, je me suis demandé — allez savoir pourquoi… à cet âge! — quelque chose comme «Qu’est-ce que je fais ici?» Il va sans dire que personne ne m’a répondu, et je n’attendais d’ailleurs aucune réponse. Il s’agissait simplement d’un moment de lucidité fugace, d’un de ces éclairs spontanés qui surgissent apparemment de nulle part au moment où l’on ne s’y attend pas. Mais ça m’est tout de même resté, et ma question allait tôt ou tard devoir être résolue.

J’ai été élevé dans le catholicisme : messe le dimanche, cours de catéchisme, fêtes religieuses… Même si le carac­tère solennel et dogmatique des rites et des prêches avait quelque chose d’austère et de contraignant, l’esprit de recueillement et la dévotion sentie que je percevais autour de moi m’éveillaient peu à peu à une forme de mysticisme qui, tout en m’ouvrant les yeux à une réalité transcendante, ne manquait pas de soulever en moi de nouvelles interro­gations. Or, lorsque j’ai commencé à poser des questions un peu plus pointues — et tout à fait légitimes — sur Dieu, sur la foi et sur la vie en général, j’ai vite compris que j’aurais du mal à obtenir des réponses satisfaisantes. Car, malgré leurs études et leurs bonnes intentions, les prêtres, les frères et les moines à qui je m’adressais ne savaient visiblement pas comment aborder concrètement et rationnellement certains problèmes existentiels et philosophiques des plus fondamentaux, préférant promouvoir le salut par la foi en invoquant le caractère insaisissable du mystère de la vie. Sans doute étaient-ils pour la plupart sincères et à l’aise avec leurs convictions et leur vocation, mais j’éprouvais davantage, quant à moi, le besoin de comprendre que celui de croire.

Je me suis dit qu’il valait mieux remonter aux sources, de sorte que j’ai entrepris l’étude de la Bible. Pas facile, mais fort intéressant, instructif et édifiant à bien des égards, sans compter certains chapitres hautement inspirés et inspirants dont les Psaumes et le Cantique des cantiques, pour ne citer que ceux-là. De très nombreuses questions y demeurent cependant sans réponse.

Saint Augustin, saint Thomas d’Aquin, saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d’Avila m’ont à leur tour fait découvrir des aspects insoupçonnés de la vie intérieure, mais mal­gré mes aspirations les plus profondes, je ne me voyais pas devenir un religieux ou un ascète tout entier voué à la prière et à la contemplation.

Désireux d’élargir mes horizons, je me suis ensuite tourné vers le Coran. Puis vers le bouddhisme tibétain et le bouddhisme zen, dont j’ai épluché les canons et adopté les pratiques pendant quelques années afin de mieux m’en imprégner. Notez bien qu’à travers ces lectures et ces démarches, je ne vivais pas en ermite. Je travaillais comme tout le monde, ma femme et moi attendions un premier enfant, je faisais de la peinture et de la musique, et nous nourrissions des projets de voyage autour du monde. Je vivais simplement ma vie, comme on dit; si ce n’est que je me posais des questions et que je comptais bien trouver des réponses. Certains consacrent leurs temps libres à la pratique d’un sport, à des activités culturelles, aux sorties entre amis ou à quelque autre forme de divertissement; moi, je cherchais activement, en marge de mes occupa­tions, à savoir si la vie avait un sens au-delà du quotidien et du monde visible.

Je ne me suis découvert que peu d’affinités avec l’islam, malgré ses nombreuses similitudes avec le christianisme et la tradition juive, sans doute parce que je n’y ai guère trouvé davantage de réponses à mes questions. Quant au bouddhisme, j’en ai retiré une forme de paix intérieure qui m’avait jusque-là été étrangère, et le net sentiment que la réalité ne se limite pas à notre espace-temps. Toutefois, sa vision foncièrement impersonnelle et nihiliste du monde m’a laissé sur ma faim, tout comme, d’ailleurs, la méditation sur l’impénétrable Brahman — entreprise à la suite de la lecture de Gandhi, de Rabindranath Tagore, de Shri Aurobindo et des indianistes et sanskritistes fran­çais et anglais du 19e et du 20e siècle. Autant de belles pensées et de riches enseignements qui m’ont beaucoup apporté, mais sans me donner de trouver la clé de voûte que je cherchais.

Après avoir étudié les grands philosophes occidentaux pour connaître leur perception du monde et de l’iden­tité humaine, j’ai finalement compris que tous les courants de pensée — religieux et profanes — se croisaient et se recoupaient au fil de l’histoire. Mais en dépit de nombreux principes communs, ils comportaient aussi d’importantes divergences. Comment allais-je bien pouvoir rassembler les morceaux du puzzle et concilier toutes ces contradic­tions? Que pouvais-je faire de plus pour trouver le secret du mystère de la vie? De ma vie?

C’est alors que je nageais dans ce tourbillon intérieur que j’ai fait la connaissance de celui qui allait devenir mon guide spirituel. Sa sagesse, sa pertinence, son humanité et sa transparence m’ont incité à écouter son enseignement et à étudier son œuvre. J’y ai peu à peu découvert les chaînons manquants de ma quête de sens. J’ai aussi com­pris que toutes les voies étaient valables en soi sans pour autant être égales, et qu’il fallait savoir les mettre en pers­pective pour faire la juste part des choses. J’ai par ailleurs réalisé que la confusion générale entourant la spiritualité et les multiples notions qui s’y rattachent vient en grande partie de ce que les partisans de diverses écoles de pen­sée cherchent le plus souvent à imposer leur vision de la vérité sans ouverture à une compréhension plus large de l’homme et de l’univers. Cette confusion est en outre alimentée par tous les charlatans qui font habilement étalage d’un ramassis d’idées au goût du jour pour attirer les foules. Sans parler des faussetés répandues — y compris dans des ouvrages très sérieux — par des chercheurs et des observateurs qui interprètent la spiritualité des autres à travers la lorgnette de leurs schèmes de référence et de leurs propres valeurs et croyances.

Je souhaite donc partager avec vous le fruit de ma quête et de mes acquis dans l’espoir de vous aider à y voir plus clair. Je ne suis moi-même ni un saint homme ni un grand sage, mais plutôt un humble pèlerin béni par la vie qui s’offre à jouer un rôle de messager. Pour tout dire, à lire et à relire mon manuscrit cent fois plutôt qu’une, je dois avouer que j’ai souvent eu la nette impression de ne pas en être l’auteur…, du moins pas le seul. Cela s’explique sans doute par le fait que pas un jour n’est passé sans que je sollicite la grâce et l’inspiration de mon maître spirituel et du maître universel qui siège en nos cœurs, ni sans que je les prie de guider ma plume sur le papier ou mes doigts sur le clavier. À voir le résultat, j’ai le bonheur de constater que j’ai été entendu, car je n’aurais jamais trouvé seul les mots pour mettre en lumière les éléments essentiels d’une juste réflexion personnelle sur les valeurs et les principes fondamentaux qui donnent tout son sens à la spiritualité… et à la vie. J’en sors grandi et enrichi, et je souhaite sincè­rement que vous trouverez à votre tour dans ces pages des réponses satisfaisantes et inspirantes aux questions que vous vous posez.

Vivre ma spiritualité – Avant-propos