

La série consacrée à l’épopée du Mahabharata racontée par Normand Vanasse se poursuit…
Voir l’épisode précédent.
Krishna tente un dernier recours
Le lendemain de son arrivée à Hastinapoura, Krishna, accompagné du sage et dévoué Vidoura, dont il avait reçu l’hospitalité, retourna au palais de Dhritarashtra de bon matin et lui dit d’entrée de jeu, d’une voix aussi profonde que le son d’un tambour:
— Ô roi, je suis venu ici pour tenter de faire régner la paix dans le monde. Ta dynastie est reconnue pour la grandeur d’âme de ses membres, mais Duryodhana et tes autres fils ont rompu avec les voies de la vertu, car ils jalousent les Pandavas. Si toutefois ils se réconcilient avec leurs cousins, ils échapperont au sort que leur réserve une guerre fratricide. Quant à toi, ton devoir consiste à faire en sorte de redonner aux Pandavas le royaume qui est leur.
Puis, les sages Narada et Parashourama, ainsi que Bhishma, Drona et Vidoura, se prononcèrent à leur tour en faveur de la paix, après quoi, à la demande de Dhritarashtra, Krishna s’adressa directement à Duryodhana:
— Tu es le fils d’une noble dynastie. Pourquoi donc agis-tu de façon malsaine et sournoise? Il te serait plus avisé de faire la paix avec les fils de Pandou. Ils ne t’ont jamais rien fait, et pourtant, tu n’as cessé de les persécuter. Sache qu’il est vain de leur chercher querelle, car les Pandavas sont invincibles. Même les dévas ne sauraient les vaincre.
Bhishma, Drona, Vidoura et Dhritarashtra approuvèrent ouvertement les paroles de Krishna, et tous les regards se tournèrent vers Duryodhana, dont la réponse à Krishna ne tarda guère:
— Tous ici m’invectivent, mais je ne vois aucune faute en moi. Vous n’avez aucune raison de me haïr. C’est bien avec plaisir que les Pandavas ont accepté de jouer aux dés; nous ne sommes donc pas leurs ennemis. Tant que je vivrai, les Pandavas n’auront pas la moindre parcelle du royaume.
— Si tu tiens absolument à mourir sur le champ de bataille, rétorque Krishna, alors ton vœu sera exaucé. Tu as tenté de tuer les Pandavas par le feu, le poison et le jeu. Tu as en outre humilié leur épouse, et tu as tout fait pour les ridiculiser pendant qu’ils vivaient paisiblement en exil. Pour tout cela, toi et les tiens brûlerez comme des arbres dans un feu de forêt.
Insoutenable vision
Duryodhana, d’un air suffisant, se leva et quitta aussitôt les lieux. C’est alors qu’avec Shakouni, il projeta de capturer Krishna, confiant de voir ainsi les Pandavas perdre leur courage et, du coup, devenir faibles et vulnérables au combat.
Déterminé à mettre son plan à exécution, Duryodhana et ses alliés font irruption dans la pièce où se trouve le Seigneur, qui l’accueille par ces mots:
— Cher Duryodhana, tu me croyais seul, mais vois tous ceux qui m’accompagnent.
Dans un éclat de rire, Krishna déploie alors sa forme universelle devant le malveillant. Duryodhana est ébloui par cette forme divine, flamboyante à l’extrême, et tous les rois et hauts personnages présents ferment les yeux, à l’exception de Bhishma, Drona, Vidoura et les sages. Les dévas dans le ciel font pleuvoir des fleurs sur Krishna et battent leurs tambours.
Après cette démonstration divine, le Seigneur sort du palais et dit aux anciens:
— Vous avez tous été témoins du refus de Duryodhana d’entendre raison et d’écouter vos bons conseils. Il n’y a plus rien à dire; préparez-vous tous au combat.
À suivre…